Le deuil : une rencontre entre héritages familiaux et quête de soi

Dans l'intimité du deuil, se révèlent souvent des empreintes invisibles laissées par nos ancêtres. Comme un mille-feuille d'histoires familiales, ces traces influencent nos désirs et notre identité, soulevant des questions profondes : qui suis-je vraiment, et quels désirs me sont propres ?

Dans son livre Les visiteurs du moi, Alain Demijolla disait : "Depuis que j'exerce la psychanalyse, je crois à la résurrection des morts (au niveau psychique)." Ce propos renvoie à l'idée des empreintes transgénérationnelles, un sujet exploré par des chercheurs comme Nicolas Abraham, Maria Torok, Demijolla, Claude Nachin et Serge Tisseron.

Jean Bettan dans ce podcast, soulève deux points essentiels à ce sujet :

Les empreintes transgénérationnelles apparaissent après un travail sur les liens familiaux directs (parents, fratrie). Il y a une sorte de chronologie à respecter. Au fur et à mesure, les empreintes des grands-parents et des générations précédentes, souvent accompagnées de secrets et de drames, émergent en thérapie, influençant la vie des patients.

• Deux grandes questions animent ce processus :

Qui suis-je ? Plus l’analysant (le patient) progresse, plus il comprend de quoi il est fait, ce qu'il a hérité de ses ancêtres.

Quel est mon désir ? Il s’agit de savoir si ce désir est vraiment le sien ou s’il vient d'ailleurs, peut-être des attentes ou non-dits familiaux.

Pour expliquer ce travail, Bettan utilise la métaphore du mille-feuille : en voyant un gâteau en vitrine, on perçoit d’abord le glaçage, mais en se le procurant, on découvre les différentes couches de pâte et de crème, toutes indispensables pour former le gâteau. De la même manière, l’histoire personnelle d’un individu est le résultat de couches d’histoires familiales, où chaque génération a influencé la suivante.

Chaque ancêtre a laissé une marque, une sorte de « déformation » dans le destin de l’individu. Tant de personnes vivent parfois des souffrances au nom de désirs ou d’identifications qui, en réalité, appartiennent à d’autres.

Illustration du deuil en analyse